L'autre objectif de cette soirée était de restituer aux membres du club des souvenirs du voyage au Japon que sept d'entre eux avaient fait en mars.
Les films de cours et de démonstrations montrèrent Me Tamura à différentes époques, notamment pendant les années 60, à Lyon ou à Annecy, peu après son arrivée en France fin 1964 à l'âge de 31 ans. Fut projeté aussi le film réalisé en 2010 par la FFAB, "Une vie d'aïkido", après son décès survenu le 9 juillet 2010. Ce fut un moment d'émotion pour tous qui rappela à tous ceux qui avaient connu le maître combien sa pratique et son enseignement pouvaient être précieux. On trouvera en annexe le souvenir que Gérald a gardé de Me Tamura.
Lors de cette soirée, Philippe commenta le voyage au Japon en commençant bien sûr par le stage d'une semaine à l'Aïkikaï de Tokyo (centre mondial appelé Hombu dojo) où il fut reçu par l'actuel Doshu, Me Moriteru Ueshiba, petit-fils du fondateur de notre discipline. Son exposé fut illustré par de nombreuses photos prises dans les divers endroits visités à Tokyo, Hakone, et Kyoto.
Des discussions ponctuèrent ces projections de films et photos.
Christian Rivière, professeur à la MJC de Villeurbanne et ancien qui a bien connu Me Tamura, nous a fait l'honneur de participer à cette soirée.
Témoignage de Gérald en hommage à Me Tamura transmis à l'Ecole Nationale d'Aïkido début septembre 2010, avant la cérémonie en l'honneur de notre Senseï.
J'ai rencontré Senseï pour la première fois en mai 1965, quelques mois donc après son arrivée en France, à l'occasion d'un stage organisé par Bernard George-Batier au Judo Club du Rhône où fonctionnait déjà une section d'aïkido. Petit tatami, une quinzaine de stagiaires, c'est dire la proximité avec le maître et la chance dont nous bénéficions alors. Des images de ce stage figurent d'ailleurs sur le DVD réalisé à partir de mes films 8 mm des année 65 à 67. C'était la première apparition de Me Tamura à Lyon.
Le deuxième souvenir que j'ai de lui se situe à la gare de Perrache où il attendait comme moi un train pour Annecy pour le 2ème stage (juillet 65). En compagnie de la famille Nakazono, il venait de Marseille où il résidait avec sa femme. J'ai pu alors apprécier la gentillesse et l'attention qu'il portait aux pratiquants quand il eut la bonté de nous aborder chaleureusement, mon frère et moi, alors qu'il nous rencontrait pour la deuxième fois seulement.
Puis se sont succédés les autre stages d'Annecy, ainsi que ceux de Lyon dans de petits dojos réunissant 20 à 30 pratiquants et laissant un souvenir émerveillé aux débutants que nous étions à peu près tous. Le niveau était bien faible alors et Senseï avait fort à faire, comme par la suite d'ailleurs, son niveau augmentant plus vite que le nôtre...
Voilà pour les années soixante. Ensuite, bien plus tard, dans les années 70, après une interruption de ma pratique de plusieurs année, j'ai découvert l'ambiance fraternelle et chaleureuse des stages de Villefranche-de-Rouergue où, avec la famille Tamura, nous campions en toute simplicité au camping municipal. Il y eut aussi de nombreux stages en région lyonnaise ou en Rhône-Alpes devenant de plus en plus suivis au fil des ans.
Pendant toutes ces années fabuleuses, mon admiration allait à la technique de Me Tamura malgré la fréquentation d'autres maîtres comme Noro, Chiba, Asaï, Kobayashi. Je revenais toujours à l'exemple de senseï : précision, habileté, finesse, légèreté, efficacité.
De plus, l'extraordinaire attention, l'extrême gentillesse dont il faisait preuve dans sa manière de transmettre était une autre source d'admiration. Je ne l'ai jamais vu maltraité un uke. Son respect de chacun était reconnu de tous.
Petit à petit, Senseï était devenu plus qu'un modèle technique. Il enseignait, mine de rien, une manière d'être avec les autres, une manière de vivre avec le monde.
Ces dix dernières années, lors des stages de professeurs, je l'ai souvent entendu évoquer le thème de la liberté de l'individu, liberté qu'il attribuait même au nouveau-né ! le thème du choix toujours possible entre diverses voies, en toute responsabilité, semblait dominer ses réflexions. Cette question a dû se poser pour lui en ce qui concerne sa fin de vie...